Un utilisateur, membre du CA de l’AUGAD témoigne:
Comment un voyage en train qui devait me conduire de la Gare des Arcs-Draguignan jusqu’à Bayonne le 10 septembre à 18h07
– avec deux correspondances, Marseille puis Toulouse – m’a finalement laissé en rade en gare de Pau à 21h07 à 114 Km,
obligeant ma famille à venir me chercher en voiture.
Sans mon initiative, personnelle, j’aurais même passé la nuit à Bordeaux !

Voici le déroulé de mon «expédition» : pour participer à un rassemblement d’anciens élèves de mon école, de quelques jours au bord de l’océan atlantique, j’avais à traverser, seul, la France d’est en ouest aller-retour.
J’ai préféré choisir un déplacement en train plutôt que de passer deux jours seul à conduire ma voiture sur un aussi long parcours. Cette option me conduirait à destination dans le même délai, en toute tranquillité, en pouvant « utiliser » ce temps pour lire et ce, pour un prix très compétitif, ce qui ne gâche rien.

  • Au départ des Arcs le TGV 6814 est annoncé avec un léger retard (5mn) qui ne pose pas de problème pour la correspondance de 16 mn à Marseille assurée avec l’Intercités 4756 départ 10h18;
  • Alors que j’étais bien installé à ma place, rassuré sur la suite du voyage, le chef de train nous annonce que le conducteur a détecté une anomalie sur la motrice ; quelques instants après il nous annonce qu’il faut changer de locomotive et que cela prendra 1 heure ! Déception et déjà je commence à m’inquiéter de ma correspondance à Toulouse qui prévoyait initialement un délai de 20 mn qui, avant ce retard, était largement suffisant pour assurer mon changement;
  • Le changement de motrice prend effectivement 1 heure et je me demande comment va se terminer mon voyage avec un « tronçon » Toulouse Bayonne compromis. Je ne suis pas encore trop inquiet, persuadé que d’autres trains à des horaires plus tardifs doivent assurer cette déserte et qu’à défaut je pourrais rejoindre Bordeaux, qui est la destination finale de cet intercités et où j’espère trouver une correspondance Bordeaux-Bayonne, ligne que je suppose très fréquentée. Je me replonge dans mes lectures et rêveries;
  • Nous arrivons donc à Montpellier avec 1H de retard. C’est là que les choses vont se compliquer en effet, au moment de repartir, le chef de train nous prévient : un incendie au bord des voies demande l’intervention des pompiers puis des équipes techniques de la SNCF afin de vérifier le bon état des dispositifs de sécurité. Temps estimé des opérations 1H qui s’ajoutent au retard pris au départ de Marseille nous en sommes donc maintenant à 2H.
    Je commence à m’inquiéter très sérieusement du bon aboutissement de mon voyage et me demande si le choix du train comme moyen de transport était le bon…
  • Alors que nous approchions de l’heure espérée de départ, nouvelle annonce : d’autres incendies obligent à de nouvelles interventions dont la durée estimée est de 2H supplémentaires ! Là je n’ai plus d’espoir d’atteindre Bayonne même avec un retard de 4H minimum.
    Je préviens par SMS la personne qui devait me prendre en charge en gare de Bayonne à 18h07 en voiture pour les derniers 20 Km jusqu’au lieu d’hébergement prévu pour la nuit.
    Des colis « repas » nous sont distribués pour patienter.
  • A l’heure annoncée, avec même un petit quart d’heure environ d’avance, l’intercités reprend sa course vers Toulouse où nous arriverons vers 18h soit avec presque 4 heures de retard.
  • Le chef de train nous prévient que le personnel SNCF passera parmi nous pour relever les destinations finales des passagers et préparer les plans de transport alternatifs. Ce qui fût fait.
    Au fur et à mesure de l’avancée du voyage, les correspondances sont annoncées
  • Arrivant à Carcassonne, tout prés de Toulouse donc, rien n’est prévu pour Bayonne ! je m’inquiète de la suite de mon voyage. Je rejoins le contrôleur, bien sûr à l’autre bout du train (pourquoi n’est-il pas au centre de la rame pour être au plus près de tous les passagers ?). Il m’informe qu’aucune correspondance n’étant possible, nous nous adresserons à l’accueil et le personnel de la gare de Toulouse nous prendra en charge pour nous héberger à l’hôtel pour la nuit.
  • J’apprends qu’il existe une correspondance pour Lourdes, en direction de Bayonne, avec un TER au départ de Toulouse Matabiau vers 18H30
  • A l’arrivée à Toulouse aux environs de 18H, je me précipite, compte tenu du faible temps disponible, vers le service accueil, mal signalé mais vers lequel 2 employés de la SNCF ont pu m’orienter. Bien sûr les files d’attente au bureau (qui s’appelle d’ailleurs « information » et non « accueil » comme annoncé) sont impressionnantes, le panneau d’affichage annonce un TER terminus Gare de Pau, départ 18H30 !
  • Quand mon tour arrive (vers 18H15) je demande à la préposée la prise en charge pour une nuit d’hôtel annoncée dans le train. Là le ciel me tombe sur la tête car elle m’informe que ce n’est pas possible à Toulouse et que c’est Bordeaux qui serait capable de s’occuper de moi et des autres passagers. Nous aurions dû rester dans le train direction le terminus Bordeaux ! Mais il y a un autre train qui part dans quelques minutes.
  • Je demande alors pourquoi on ne nous propose pas de nous rapprocher de Bayonne avec le TER et de prévoir un (ou des bus) pour terminer le voyage et satisfaire ainsi (avec retard) le « contrat ». C’est une fin de non recevoir qui m’est opposée, tandis que le temps court.
  • Un jeune couple dont l’un était attendu sur Bayonne à la première heure pour une embauche est désespéré. Je n’ai pas su la suite.
  • Je décide donc, de ma propre initiative, de « profiter » du TER direction Pau, sachant qu’un membre de ma famille pourra venir m’y recueillir et m’amener à Urt , près de Bayonne qui était ma destination finale.
  • J’arrive à prendre place dans un TER bondé (en ce Dimanche soir, de nombreux adolescents rejoignent leurs Collèges et Lycées), il arrivera à Pau à l’heure soit 21H07.
  • Ma famille m’attendait, nous étions à destination à 22h30 environ.

Epilogue :
Le retard étant supérieur à 4 heures le billet m’a été entièrement remboursé, sans discussion.

Comme une voiture a été nécessaire pour terminer le voyage, j’ai envisagé demander le remboursement des frais de l’aller retour soit 2 x 100 Km + 15,80 € de péages, beaucoup moins coûteux que la nuit d’hôtel à laquelle j’avais « droit » à Bordeaux.
J’avais commencé à préparer le réclamation dont j’imaginais qu’elle ouvrirait un litige compliqué à faire aboutir. Pris par d’autres priorités je n’ai pas poursuivi.

Avec cet article je libère mes regrets d’avoir renoncé. Alors que la SNCF nous donne l’occasion de nous interroger sur sa maitrise des opérations, j’apporte mon expérience personnelle au débat: la cause première de cette « épopée » est le retard initial au départ de Marseille qui, s’il n’avait pas eu lieu, nous aurait évité de tomber de Charybde en Scylla. Je suis en effet persuadé que l’intercités serait, à Montpellier, passé avant l’incendie. D’où 3 questions qui restent posés:

  1. Comment se fait-il que la vérification, suffisante, de la motrice n’a pas eu lieu avant la mise à quai ?
  2. Pourquoi a-t-il fallu une heure entière pour changer de motrice ?
  3. Enfin, pourquoi, le retard total de 4H au départ de Montpellier connu à 14H environ, un plan alternatif prévoyant l’arrivée sur Pau vers 21H soit  7H plus tard en « profitant » du TER (en le renforçant éventuellement puisqu’il était constitué d’une seule rame de capacité limitée) n’a-t-il pas été exploité pour mettre en place le nombre de cars nécessaires pour compléter le parcours sur Bayonne, à défaut même de prolonger la mission du TER jusqu’à Bayonne un peu comme un intercités « de secours» ?