Fédération Nationale  des

Associations  d’Usagers  des  transports

 

Association agréée de consommateurs

 

Toulon, le 6 décembre 2011

 

 

Monsieur

Paul MOURIER

Préfet du VAR

Boulevard du 112è Régiment d’Artillerie

                                                     

83070  TOULON CEDEX

 

 

Objet : LGV PACA : une nouvelle vision pour un nouveau projet

 

Pièce jointe : Rapport intitulé «Concevoir la LGV PACA dans une optique d’aménagement du territoire »

 

 

Monsieur le Préfet,

 

 

Suite aux nombreuses manifestations ayant émaillé la seconde phase de la concertation sur le projet LGV PACA, vous avez décidé le 24 novembre dernier d’interrompre cette concertation. Dès le lendemain les Ministres Kosciusko-Morizet et Mariani ont demandé à RFF de revoir sa copie et de prolonger les études jusqu’à l’été 2012 afin d’entraîner l’adhésion des riverains et populations concernées, ce dont nous nous félicitons, car nous avions demandé avec d’autres la prolongation de cette concertation. 

Nous tenons d’abord à souligner qu’on aurait pu éviter toute cette ébullition si, à la fin du dernier COTER, vous aviez écouté plusieurs des membres de cette assemblée qui vous demandaient de retirer de la concertation certains fuseaux impactant le vignoble de Bandol, comme vous veniez de la décider pour les scénarios comportant la gare nouvelle à l’est de l’agglomération toulonnaise. Malheureusement le mal est fait et plusieurs associations varoises, membres ou non de ce COTER, ont décidé de faire bloc pour sauver ce projet, qu’elles jugent indispensable pour l’avenir de notre département et de notre région.

Elles se sont donc regroupées autour de la FNAUT pour rédiger un memorandum que nous vous remettons officiellement aujourd’hui, et dont voici les grandes lignes.

1) Tout d’abord il a été perdu de vue par le maître d’ouvrage que ce projet, assez improprement appelé LGV PACA, ne concernait pas seulement la grande vitesse mais aussi et surtout les services régionaux et locaux du quotidien assurés par les TER. L’essentiel de la concertation qui vient de se dérouler a porté sur l’insertion d’une ligne à grande vitesse entre Marseille et Nice, et les aménagements du réseau pour développer dans le futur ces services TER n’ont presque jamais été évoqués. Il est temps à notre avis d’inverser les priorités : le développement des TER doit devenir l’objectif principal du projet et ce dernier doit être rebaptisé, par exemple « nouvelles infrastructures ferroviaires PACA ». Dans ce contexte RFF doit s’attacher à planifier les travaux nécessaires pour aboutir aux dessertes

 

 

 

TER prévues dans les schémas réticulaires de 2023 et 2040, et dans notre département  ceux-ci ne manquent pas. Nous les détaillons dans le rapport ci-joint, et nous demandons que le prochain COPIL décide que, dans le cadre de ce projet, leur financement soit inclus dans le prochain Contrat de Projet Etat Région, ce qui constituera un signe fort en direction des opposants au projet actuel qui tous réclament plus de TER ;

2) En corollaire il convient à notre avis d’abandonner le concept de très grande vitesse pour la ligne nouvelle à construire. Les vitesses moyennes de certains fuseaux présentés à la concertation atteignaient 330 km/h (fuseau E4 Pierrefeu – Les Arcs) ce qui n’est pas raisonnable et a contribué à entraîner la levée de bouclier que nous avons constaté. Il faut que RFF arrête de nous proposer un « avion sur rails » ; ce n’est pas de cela dont a besoin notre région. En outre l’infrastructure à créer doit respecter les directives du ministre Borloo, c’est-à-dire utiliser autant que faire se peut les emprises ferroviaires existantes, en particulier dans la traversée des agglomérations et pour l’implantation des gares. C’est particulièrement vrai à Toulon, mais aussi à Cannes avec les emprises de La Bocca, et nous rajouterons aux emprises ferroviaires les autres couloirs de nuisance, comme les autoroutes existantes qui pourraient être sur certains tronçons longées par la ligne nouvelle et sur d’autres (vallée de l’Huveaune) l’accueillir en viaduc en encorbellement comme cela se pratique au Japon. Outre les économies de construction et d’exploitation réalisées en abaissant les vitesses maximales, cela permettrait également de faire passer certains trains de fret sur tout ou partie de cette infrastructure, permettant ainsi un transfert modal bien nécessaire de la route vers le rail ;

3) Enfin, pour entraîner l’adhésion de ceux qui refusent ce projet car d’après eux il ne générera que des nuisances en traversant notre département sans le desservir, il faut innover. Nous proposons donc que la ligne nouvelle privilégie l’aménagement du territoire tout en assurant un maillage optimal du réseau. L’aménagement du territoire en prévoyant, outre les gares nouvelles déjà actées à Marseille, Toulon, Est Var, Ouest Alpes Maritimes et Nice Saint Augustin, la construction de nouvelles haltes qui seraient desservies, non pas par les TAGV nationaux et internationaux, mais par des super TER roulant à 200/250 km/h et empruntant la ligne nouvelle de manière cadencée toutes les heures, permettant une desserte fine de notre région. En première analyse de telles haltes pourraient être implantées à Marseille Euroméditerranée, Signes, Carnoules et Sophia Antipolis. Le maillage du réseau, avec la multiplication des raccordements entre les lignes actuelles et la nouvelle ligne, y compris avec les lignes en antenne à voie unique comme Hyères – La Pauline (ce qui permettrait par exemple de créer des TER Hyères – Brignoles), Les Arcs – Draguignan, Cannes – Grasse et Nice – Breil. L’exemple à suivre ici est celui des italiens avec leur Diretissima Rome – Florence, première LGV mise en construction en Europe, qui comprend pas moins de dix interconnexions avec la ligne classique sur les 237 km de son parcours.

Nous vous serions reconnaissant, conformément à la Charte de la concertation, de transmettre une copie de ce document à tous les membres du COPIL, du COTER 83 et des groupes de travail géographiques et thématiques afin qu’ils puissent en prendre connaissance.

Vous en remerciant par avance, veuillez croire, Monsieur le Préfet, à l’assurance de notre considération distinguée.

 

Philippe CRETIN                                  

Président de la FNAUT PACA