La SNCF s’inquiète pour l’avenir de ses TGV, plombés par les péages

                          

Trop chers, les péages du TGV ? Le train vedette de la SNCF doit supporter l’essentiel de l’effort de rénovation des voies ferrées françaises. Au risque, selon la compagnie, de mettre en péril son équilibre financier

Pour Guillaume Pepy, son président, la SNCF a « quatre cailloux dans la chaussure » qui la gênent face à ses futurs concurrents. Deux concernent directement ses rapports avec Réseau ferré de France (RFF): les travaux de maintenance qu’elle effectue pour lui et surtout les droits de passage de ses TGV.

Les deux autres problèmes sont selon lui le fret ferroviaire et les trains « d’aménagement du territoire », les trains interrégionaux Corail qu’il veut voir subventionnés comme les TER.

La SNCF conteste une décision de principe qui fait porter aux TGV, sa principale source de revenus, l’essentiel de l’effort de régénération du réseau ferré français: ses péages doivent augmenter tous les ans de 60 millions d’euros (en plus de l’inflation du secteur).

 

Pour la période 2008-2013, RFF indique que la hausse des péages serait de 750 à 780 millions d’euros (dont 450 millions reviendront dans la poche de la SNCF, chargée de l’entretien du réseau), quand la SNCF calcule 940 millions.

A ce rythme, « dans les conditions économiques actuelles », le résultat courant généré par les TGV « sera nul d’ici trois ans si on continue sur cette voie », prévient Mireille Faugère, directrice générale déléguée SNCF Voyages.

Au ministère de l’Ecologie, on s’étonne de ce calcul: « Il y a deux ans, la SNCF faisait 1 milliard d’euros de bénéfices sur le TGV. On a augmenté deux fois les péages de 60 millions: ce n’est pas cela qui a mangé ses bénéfices ! »

Le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau s’est publiquement agacé de ce débat entre les deux sociétés nationales, alors qu’il avait lui-même décidé la hausse des péages il y a plus d’un an.

« La France est le pays ou les péages ferroviaires sont les plus bas », a-t-il assuré sur RTL. Mais il parlait de moyenne: le TGV français est surtaxé par rapport à ses homologues étrangers, notent des experts.

« Des décisions ont été prises sur le fonctionnement des péages. Les paramètres sont clairs et ne peuvent être remis constamment en cause », juge le député UMP Hervé Mariton, spécialiste des transports.

La compagnie s’inquiète pour la viabilité du « modèle TGV »: sur le TGV Est, par exemple, elle ne fait des bénéfices que sur Paris-Strasbourg. Or, c’est sur les grands axes, les seuls vraiment rentables, que viendront les futurs concurrents. Ces derniers ne s’engageront sans doute pas dans les vallées vosgiennes, alors que la SNCF, qui y perd déjà de l’argent, devra y rester.

Et à l’avenir, à quelles conditions fera-t-on rouler des TGV sur les voies nouvelles prévues par le gouvernement, qui seront en partie financées par des partenaires privés ?

« Je me réjouis qu’il y ait des projets de lignes à grande vitesse, et j’espère que le niveau de péage permettra de faire rouler des trains dessus », note Mireille Faugère à la SNCF. « Car si les péages sont trop élevés, il n’y aura pas de trains supplémentaires. On aura donc construit les lignes pour rien! »

Pour David Azéma, chargé de la stratégie de la compagnie nationale, la solution est claire: « RFF n’a que les péages comme ressources. Il est normal que l’Etat paye, car celui qui a voulu le réseau actuel, c’est le Parlement ».

Or, l’Etat n’a visiblement pas l’intention de mettre plus. Il faudra donc augmenter le prix du billet, quitte à perdre des clients.

 

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